« Je voudrais savoir si l’homme a raison ou pas

Si je dois endosser cette guérite étroite

Avec sa manche gauche, avec sa manche droite

Ses pâles oraisons, ses hymnes cramoisis,

Sa passion du futur, sa chronique amnésie »  (Paris Mai, 1968)

Chers Amis

En cette période assez troublée, je ne puis m’empêcher de penser à ces paroles de Claude qui une fois encore prennent un sens prophétique.

Je crois que Claude avait compris que les conflits idéologiques sont vains et que l’homme ne pourra vraiment s’accomplir qu’en recherchant des valeurs d’un tout autre ordre. Pour lui, le plus important est d’ordre artistique et la vérité profonde se rencontre notamment grâce à la poésie et à la musique.

Claude a magistralement combiné ces deux formes d’expression, ses chansons resteront longtemps dans la mémoire collective et nous ne pouvons que nous réjouir de tous les hommages qui lui sont rendus.

Cette semaine, le grand événement a été la soirée organisée en son honneur au Grand Rex à Paris. Je n’ai malheureusement pas pu y assister mais notre ami Jean-Pierre (que je salue et remercie bien sincèrement) en a rédigé un compte rendu à partager avec vous tous. Je crois qu’il faut remercier aussi l’INA qui a présenté des documents très émouvants. 

Nous … Nougaro au Grand Rex

Nous avons vibré ensemble avec Gilles, Théo et Hélène ce mardi 25 juin 2024 dans la mythique salle du Grand Rex où Mathias Malzieu nous avait concocté une superbe soirée en collaboration avec l’INA, 20 ans après que Claude Nougaro a rejoint les étoiles.

Sur fond d’écran noir éclairé entre chaque chanson par le lumineux visage d’un Claude Nougaro répondant à des interviews, à commencer par celui avec Pierre Bouteiller de 1971 ,  17 chansons ont été interprétées sous la forme de 2 solos, 14 duos et un quatuor, avec un formidable orchestre de 9 musiciens.

Pour les solos : Arthur H a chanté La pluie fait des claquettes, et en final Natalie Dessay Ô Toulouse.

Les duos ont vu se succéder :

-          Natalie Dessay & Tchiky Karyo  pour Plume d’ange,

-          Aurélie Saada & Carmen Maria Vega pour Le Cinéma,

-          Emily Loizeau & Lou du Pontavice pour Bidonville,

-          Emily Loizeau & Tchiky Karyo  pour Paris Mai,

-          Olivia Ruiz & Didier Blanc pour Cécile ma fille,

-          Aurélie Saada & tété pour Sing, Sing, Song,

-          Arthur H & Thomas de Pourquery pour Dansez sur moi,

-          Olivia Ruiz & Thomas de Pourquery pour Les Don Juan,

-          Mathias Malzieu & Daria Nelson pour Armstrong,

-          Alice on the roof & Tchiky Karyo  pour Le jazz et la java,

-          Barbara Carlotti & Cali pour Tu verras,

-          Zaza Fournier & Cali pour L’amour sorcier,

-          Carmen Maria Vega & Zaza Fournier pour Une petite fille,

-          Babet & Flavia Coelho pour Le coq et la pendule.

Le quatuor a réuni Mouss & Hakim avec Tété et Natalie Dessay pour Nougayork.

            Celui qui se qualifiait de poète non musicien aurait mérité que l’on fasse mention de ses compositeurs et arrangeurs aussi talentueux que Jacques Datin, Michel Legrand, Maurice Vander, Eddy Louiss, Jean-Caude Vannier, Aldo Romano, Bernard Lubat, Richard Galliano, Yvan Cassar …

            Mais ne boudons pas notre plaisir pour cette soirée historique qui restera dans les annales de la Nougaromania, démontrant qu’à l’épreuve du temps les chansons de Claude Nougaro n’ont rien perdu de leur poésie, de leur musicalité, de leurs émotions, de leur force et de leur swing magique.

                                                                                                  Jean-Pierre Doche

Tout est dit. Pour ceux qui comme moi regrettent de n’avoir pas été présents, je crois que France-Télévision va diffuser le 4 septembre la captation qu’elle a réalisée de cette soirée.

En attendant, nous pouvons nous consoler en écoutant le CD de Yvan Cujious et Louis Winsberg enfin disponible « Une voix, six cordes, de Claude à Nougaro »

Ce disque reprend 10 titres avec pour certains quelques invités : Le cinéma, Cécile ma fille (avec Francis Cabrel), La pluie fait des claquettes, Le jazz et la java, Armstrong (avec Thomas Dutronc et le renfort du guitariste  Rocky Gresset, fidèle accompagnateur de Thomas) , Les Don Juan, Rimes (avec Anne Sila), Une petite fille, A bout de souffle (où l’on retrouve l’excellent Jean-Marie Ecay à la guitare), Toulouse (avec Bigflo  et Oli).

Pour ce dernier morceau, seule la musique est celle de la chanson de Claude, le texte est de Bigflo et Oli.

Un autre hommage discographique est attendu pour le mois d’octobre : « Le jazz et la java » concocté par André (Dédé) Ceccarelli (qui fut quelques années le batteur de Claude) avec Pierre-Alain Goualch au piano, Diego Imbert à la basse et David Linx à la voix.

Vous vous rappelez sans doute que les membres de ce même groupe avaient déjà publié deux CDs en hommage à Claude : « Le coq et la pendule » en 2009 et « àNousGaro » en 2013 qui comportait des textes inédits de Claude qu’ils avaient mis en musique.

Le mois dernier, je vous avais parlé de l’émission « Tour de chant » diffusée le 2 juin sur France Musique et je vous avais annoncé une suite pour le dimanche suivant. C’était une erreur, il y a eu en fait 4 émissions avec des concerts inédits de Claude. France Musique nous a gâtés.

L’émission du 9 juin permet entre autres  d’entendre des extraits du concert du 22 avril 1971 à Bobino pour lequel Claude avait fusionné le jazz (avec ses musiciens habituels, notamment Eddy Louiss et Maurice Vander) et la musique classique avec un quatuor à cordes mené par le violoncelliste Roland Pidoux.

C’est une expérience très intéressante et les chansons Maudit et Un grain de folie sont particulièrement mises en valeur.

En fait, le 22 avril était la première de Claude à Bobino. A la fin du concert, il a appris la naissance de sa troisième fille, Théa.

Claude s’est rendu à une heure avancée de la nuit dans la clinique où était née sa fille, mais évidemment on ne l’a pas laissé voir la maman (Odette). En rentrant, Claude a raconté à Jean-Pierre Brun, son agent, qu’il n’avait vu que des bébés mais qu’il n’était pas vraiment sûr d’avoir embrassé le bon.

Claude Nougaro en concert : Concerts inédits (1968-1971) | France Musique (radiofrance.fr)

La troisième émission (diffusée le 16 juin) nous permet d’entendre de larges extraits du concert que Claude a donné à l’Olympia le 22 février 1976 au profit d’Amnesty International.

Claude est toujours accompagné par Maurice Vander mais Eddy, parti pour d’autres aventures, a été « remplacé » par Richard Galliano que l’on entend notamment dans Ile de Ré.

Un an plus tard, Claude retrouvera l’Olympia où sera enregistré l’album « Nougaro 77 » avec deux titres mythiques, Plume d’ange et Victor.

Claude Nougaro en concert : Concerts inédits (1972-1980) | France Musique (radiofrance.fr)

La quatrième émission (diffusée le 23 juin), nous donne entre autres à entendre Claude interpréter Que reste-t-il de nos amours ? (de Charles Trenet), enregistré le 29 juin 1981 lors d’un hommage à Charles Trénet au Théâtre du Rond-Point et L’accordéoniste, une chanson de Michel Emer immortalisée par Edith Piaf.

Claude interprète ces deux chansons de manière très convaincante, avec beaucoup de sensibilité.

Claude Nougaro en concert : Concerts inédits (1980-1994) | France Musique (radiofrance.fr)

Toutes ces émissions permettent d’entendre aussi de nombreux extraits d’interviews et chacune des phrases de Claude mériterait d’être relevée.

C’est à notre ami Luc Douche, photographe (qui –je vous en parlais le mois dernier - vient de publier l’album de photos « Portfolio Nougaro »), que je décernerai le diplôme de « l’indic hâtif du mois » car il m’a annoncé quelques événements très intéressants et je l’en remercie.

C’est ainsi que sur l’aire d’autoroute de Port-Lauragais (où un parcours dédié à Claude a été inauguré en juillet 2021) vous pouvez depuis le 27 juin découvrir l’exposition « Portfolio Nougaro » avec 30 grandes photos de Claude.

Notre ami Luc présentera aussi une exposition photographique au festival de jazz de Cavaillon le 9 juillet. Il y donnera une conférence sur Claude qui sera suivie d’un concert d’Yvan Cujious et Louis Winsberg, tout ceci en présence d’Hélène, notre chère Présidente.

Le lendemain, mercredi 10 juillet, le festival de Cavaillon rendra hommage à Michel Legrand avec Nicolas Folmer (trompette et chant), Emil Spanyl (piano), Stéphane Huchard (batterie), Philippe Bussonnet (basse) et Olivier Louvel (guitare)

Je vous rappelle que le groupe Newgaro sera présent aux festivals Jazz à Vienne (le dimanche 7 juillet), Les Suds à Arles (le vendredi 12 juillet) et Jazz in Marciac (le samedi 27 juillet).

Le samedi 13 juillet à partir de 23 h 45, TF1 retransmettra en direct le feu d’artifice de Toulouse (tiré depuis le milieu de la Garonne) dont la bande-son rendra hommage à Claude.

En guise de bouquet final, notre rubrique « la question du mois » .

Le mois dernier, je vous avais demandé dans quelle chanson de Claude apparaissent une faucille et un marteau.

Bravo à tous ceux qui ont trouvé qu’il s’agit de C’est boa, qui figure sur l’album de 1985 « Bleu Blanc Blues », enregistré avec le « Nougaro trio » dont l’immense Pierre Michelot à la contrebasse.

« Une belle fesse

D’une belle fille

Qui s’balance, c’est beau, ah !

On dirait une serpe

D’or, une faucille

A rendre marteau tous les boas »

Comme le faisait remarquer notre chère amie Isabelle, cette chanson n’a absolument rien de politique, et je ne pense pas qu’il faille le regretter.

Ce mois-ci je voudrais avoir une pensée pour Françoise Hardy qui vient de nous quitter.

Elle a fait ses débuts en 1962, l’année où Claude effectuait sa formidable percée médiatique, grâce notamment à Michel Legrand.

L’une et l’autre ont été portés par la vague yé-yé, sans vraiment en faire partie. Tous deux ont célébré l’amitié, Claude dans Ami chemin et Françoise Hardy dans L’amitié.

Ce sera pour moi l’occasion de vous demander quels sont les « collègues », chanteuses et chanteurs français(es) que Claude mentionne dans ses chansons. Nous ferons abstraction de l’album « Récréation » avec les sonnets où Claude rend hommage à certains d’entre eux, Trénet, Brel, Brassens, Ferré…

En attendant vos réponses, je vous adresse toutes mes amitiés.

Raymond Lernould