« Je te parle crûment, foin de délicatesse

Mon beau feu d’artifice, mon beau fou d’artifesse

Trou de balle de tennis, ma raquette est tombée »

Un  grain de folie, album « Sœur âme » 1971, musique de Jean-Claude Vannier.

Claude en donnera en 1977 une version un peu différente sous le titre « Le K du Q ». Elle figure sur l’album live « Nougaro 77 » et sur l’album studio « Plume d’ange ».

Chers Amis

Ce n’étaient pas encore les Jeux Olympiques et pourtant le 13 juillet, les hommages à Claude ont atteint une dimension olympienne avec le feu d’artifice tiré à Toulouse depuis la Garonne.

J’espère que vous l’avez suivi sur TF1. Si ce n’est pas le cas, on peut le retrouver sur You Tube.

C’était superbe, mais je regrette néanmoins que la présentatrice, sans doute fascinée par la carrure des rugbymen du Stade Toulousain qui étaient à ses côtés, n’ait même pas mentionné le nom de Claude.

C’était quand même très émouvant d’entendre les chansons de Claude accompagner ce spectacle pyrotechnique. La bande-son était constituée des chansons suivantes : Toulouse to win, Nougayork, Armstrong, Tu verras, Le cinéma, Un écureuil à Central Park, Cécile ma fille, Je suis sous, Le jazz et la java, Toulouse.

Je crois qu’ils auraient pu diffuser aussi C’est une Garonne, mais ne boudons pas notre plaisir car, cette année, Toulouse se met vraiment en quatre pour célébrer Claude.

Actuellement, si vous vous rendez dans la ville rose, vous pourrez, grâce à la Mairie de Toulouse et France Bleu Occitanie, effectuer une balade sonore orientée autour de la vie et de l’œuvre de Claude. En différents lieux du centre-ville, huit totems ont en effet été disposés qui permettent, grâce à un QR code, d’accéder à des podcasts comprenant des interviews de Claude.

Depuis le 16 juillet, France Bleu Occitanie propose aussi une exposition sur la discographie de Claude à la médiathèque José Cabanis. Cette exposition permet de voir une cinquantaine de pochettes des albums de Claude (conservés précieusement à la discothèque de Radio France) mais aussi certains objets prêtés par notre chère Présidente Hélène dont des photos, des cahiers originaux et une réplique de la statue de Claude installée derrière le Capitole.

Cette exposition sera visible gratuitement du mardi au samedi de 13 h à 19 h jusqu’au 21 septembre.

Pour compléter cette visite, vous ne manquerez pas de vous rendre à la Maison Nougaro (amarrée aux Ponts Jumeaux). L’exposition permanente est accessible le jeudi et le samedi de 14 h à 18 h. 

Si vous pouvez choisir la date (pas tout à fait au hasard !), c’est le dimanche 8 septembre qu’il faut être à Toulouse, pour assister au concert gratuit Place du Capitole. On annonce la participation de Natalie Dessay, Bénabar, Cali, Nolwenn Leroy, Ben L’Oncle Soul, Pierre Guénard, et Anne Sila. De nombreux toulousains seront aussi sur scène : Jean-Pierre Mader, Mouss et Hakim, les Cats on Trees.

L’Orchestre National du Capitole sera dirigé par Yvan Cassar.

En vous rendant à Toulouse, il faut plus que jamais faire une halte sur l’aire d’autoroute de Port Lauragais où un parcours dédié à Claude à été inauguré en juillet 2021. Cette année, depuis le 27 juin, on peut y découvrir aussi l’exposition « Portfolio Nougaro » avec 30 grandes photos de Claude réalisées par notre ami Luc Douche.

Le samedi 27 juillet, on a même pu y entendre des mini-concerts interprétés par Eric Alias et le groupe Nous qui continue de proposer son spectacle « Nougaro fait son cinéma ». Ils seront notamment à Albi le 10 août.

Claude a été à l’honneur dans toute la France. Après Coutances, Vienne et Arles, le groupe Newgaro s’est produit le 27 juillet à Marciac et y a remporté un vif succès.

Depuis leurs débuts à Coutances où ils n’avaient peut-être pas assez répété leurs duos, le groupe a apporté quelques modifications à l’ensemble du spectacle qui gagne ainsi en cohésion et en qualité. 

 J’espère qu’ils seront aussi en décembre à Paris Salle Pleyel, mais il semble que ce ne soit pas chose certaine. Je ne manquerai pas de vous tenir au courant.

Notre ami Luc Douche a donné à Cavaillon une conférence sur Claude en présence de notre Présidente, Hélène.

Louis Winsberg et Yvan Cujious continuent de sillonner la France avec leur spectacle « Une voix, six cordes » (dont le CD est sorti récemment).

Ils étaient le 23 juillet à Sète et on les retrouvera le 27 septembre aux Rencontres d’Astaffort (Lot-et-Garonne) ainsi que le 3 décembre à Toulouse (à La Cabane).

Claude était présent aussi  du 2 au 21 juillet au festival off d’Avignon où la Compagnie du Crabe Barbu dirigée par Jérôme Quintard a présenté son hommage intitulé « A bout de souffle ».

Pour vous tenir en haleine, je vous en propose un (trop bref) extrait :

A bout de souffle Teaser Compagnie du Crabe Barbu (youtube.com)

Je viens d’apprendre (merci Hervé pour cette info)  qu’à Beaucourt sur l’Hallue , au nord d’Amiens, est programmé le 31 août le spectacle « Tribu Nougaro » avec Laurent Malot, Franck Steckar (le fils de Marc qui a accompagné Claude au tuba et au trombone) et Christophe Devillers.

Il s’agit d’un petit festival dont le simple nom m’est sympathique : « L’Hallue met le feu ».

Ci-joint le clip de « Tribu Nougaro » rendant un très bel hommage à Claude.

Tribu Nougaro Clip "Nougaro" (youtube.com)

Si comme moi vous n’avez pas pu assister au spectacle du Grand Rex, je crois que la télévision le retransmettra le 4 septembre.

Comme vous pouvez le constater, les hommages à Claude sont nombreux, j’en ai certainement oublié, mais je compte sur vous pour pallier mon ignorance.

Je ne voudrais pas abuser de votre patience et en viens à la rubrique « la question du mois ».

Le mois dernier, je vous avais demandé de me citer les chanteurs et chanteuses français(es) que Claude mentionne dans ses chansons.

Je remercie tous ceux d’entre vous qui m’ont adressé leurs réponses, toujours intéressantes mais incomplètes.

La première chanteuse citée par Claude est Brigitte Bardot dans Le cinéma en 1962 (sur une musique de Michel Legrand).

C’est vrai que dans cette chanson, Claude se réfère à l’actrice plus qu’à la chanteuse :

« Bardot peut partir en vacances

Ma vedette c’est toujours toi »

Brigitte a pourtant  aussi enregistré quelques chansons, écrites notamment par le Beau Serge, par exemple Bonnie and Clyde.

On peut rappeler un détail amusant : pendant un certain temps Claude a modifié son texte, en remplaçant « Bardot » par « Birkin », faisant ainsi allusion à une autre actrice-chanteuse qui fut le grand amour de Gainsbourg.

Sur le même album que Le cinéma, on trouve un très bel hommage à Edith Piaf pour laquelle Claude éprouvait une réelle vénération. Il s’agit de La chanson, dont la musique est due également au Grand Michel : 

« Celle qui est incarnée sous la pluie

Par une Edith qui piaffe

A l’angle de la rue »

Claude consacrera toute une chanson à la grande Edith : Comme une Piaf, composée sur le thème de Wayne Shorter : Beauty and the Beast :

« Comme une Piaf au masculin

J’voudrais pouvoir chanter l’bottin

Et vous remuer les intestins »

Cette chanson se trouve sur les mêmes albums de 1977 que « Le  K du Q ».

Claude citera aussi Edith Piaf dans une des chansons de l’album « Pacifique » (1988) : Toulouse to win :

« Je fabrique mes joies au prix de mes détresses

Comme la môme Piaf je repars à zéro »

En 1978, dans Insomnie (musique de Jean-Claude Vannier), Claude cite deux collègues qui chantent « sur les grandes ondes » :

«  Europe c’est cuit… Viens Luxembourg !

Vas-y Vartan, Lama claironne

Chansonnerie mauvaise ou bonne »

Le 23 mars 1998, Claude se voyait décerner l’Ordre National du Mérite et il avait tenu à ce que cette cérémonie se déroule au Lapin Agile où il avait fait ses débuts en récitant ses poèmes et auquel il restait sentimentalement attaché.

Claude y récite un texte intitulé J’ai choisi le lapin où il cite  certains chanteurs qui ont fait la gloire de ce cabaret :

« Me voici officier national du Mérite

La France l’a voulu, eh bien elle a raison !

C’est la France de Jean-Roger Caussimon,

De Bruant, de Carco, ils sont là qui m’assistent… »

Un peu plus loin :

« Et toi, Yvonne Darle, avec ta voix de perle, 

Adossée aux rideaux dans la lueur rouge »

Au cas où vous ne connaitriez pas ce texte, le voici :

J'ai choisi le Lapin - Claude Nougaro au Lapin Agile de Montmartre (youtube.com)

Ce texte figure aussi sur l’album (4 CDs) « Au lapin Agile, le doyen des cabarets de Montmartre ».

Claude vouait une réelle admiration à Jean-Roger Caussimon (dont vous connaissez certainement Comme à Ostende, Monsieur William ou Le temps du tango, également reprises par Léo Ferré) car il le cite aussi dans une de ses dernières chansons : Fleur Bleue (musique de Marc Berthoumieux), extraite de l’album de 2004 « La note bleue ». :

«  C’est une loi de la nature

A l’envers de l’ange, le démon

Ils ne battent plus les cœurs purs

De Jean-Roger Caussimon »

Claude ne cachait pas non plus son admiration pour Serge Gainsbourg. Je crois que c’était réciproque mais Gainsbarre ne s’est jamais exprimé publiquement à propos de Claude.

On rencontre Gainsbourg dans Art mineur (musique de Jean-Claude Vannier qui a également travaillé pour Gainsbourg) :

« Je pratique l’art mineur 

Qu’a illustré le beau Serge ... »

On retrouve une dernière fois Gainsbourg sur le dernier album de Claude avec l’émouvante chanson Bonheur :

« Bonheur, tu aimes repartir

A peine à l’amarre

J’comprends qu’on préfère te fuir

Comme chantait Gainsbarre »

En 1993, sur l’album « Chansongs », Claude consacre toute une chanson à Renaud : Rock à Renaud (musique de Richard Galliano) :

« Ainsi s’poursuit l’odyssée

D’messire Renaud Séchan

A qui j’dédie ce chant.

Si l’on veut être complet, il ne faut pas oublier le chanteur qui a le plus impressionné Claude, je veux parler de son père, Pierre Nougaro.

Bien entendu, on le rencontre dans Toulouse (1967) :

« J’entends encore l’écho de la voix de Papa

C’était en ce temps là mon seul chanteur de blues »

Dans Mademoiselle Maman (2000, album « Embarquement immédiat »), Claude raconte (à sa manière) le voyage que Pierre a accompli pour aller demander la main de sa future femme, Eliette, en Indochine :

« J’ai dans la gorge un oiseau

Qui ne vit que pour vos ailes

C’est ainsi que Papa

Parlait à Maman »

En 1988 (album « Pacifique »), Claude rend un vibrant hommage à celui qui est maintenant « là-haut » :

« Toi là-haut

Bonté sans mélange

Baryton

D’un opéra d’anges » (Toi,là-haut , musique de Claude Gaudette)

On peut même se demander si ce n’est pas l’absence de son père, toujours en tournée, qui a inspiré à Claude le titre  Yapad papaqui figure sur l’album de 1976 « Femmes et famines ».

La question de ce mois, je voudrais la dédier à la mémoire de Charles « Lolo » Bellonzi qui nous a quittés il y a quelques semaines.

Il a été pendant 12 ans (de 1968 à 1980) le batteur attitré de Claude. J’ai fait sa connaissance en 1977 et j’ai eu la chance d’entretenir avec lui des relations amicales durant presque 50 ans.

On l’entend par exemple sur le premier album live de Claude, enregistré en 1969 à l’Olympia « Une soirée avec Claude Nougaro »

Dans un autre contexte (mais pas vraiment), il a participé en 1993 à l’album de Richard Galliano « Viaggo » aux côtés de Pierre Michelot à la basse et de Bireli Lagrène à la guitare. C’est sur cet album que l’on trouve la première version de Tango pour Claude, alias Vie,violence.

Voici (enfin) la question. En 1973, Claude dédie une superbe chanson aux rythmes africains, la percussion et la batterie. Il s’agit bien sûr de Locomotive d’or.

Il y cite celui que Lolo reconnaissait comme son maître, Kenny Clarke, unanimement reconnu comme le plus grand batteur de style bop. Après une carrière américaine, Kenny s’est installé définitivement à Paris en 1956 et a joué avec tous les plus grands jazzmen, américains et européens. Il a même accompagné Claude à la fin des années soixante, aux côtés d’Eddy Louiss.

« Et de toutes ses dents, succulente banane,

Kenny Clarke riait comme un enfant s’endort »

Locomotive d’or est une chanson majeure de Claude mais saurez-vous retrouver l’autre chanson de Claude où apparaît également cette « locomotive d’or » ?

En attendant vos réponses, je vous adresse toutes mes salutations et vous souhaite bien sûr d’excellentes vacances.

Raymond Lernould

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